31 mai 2002

Sae NamTo


Parmi les chrétiens, le premier à être décapité au lieu dit "Sai-Nam-Theo" est le prêtre chinois Jacques Chu Mun-Mo; cela se passait le 31 mai 1801. Arrivé en Corée 6 ans plus tôt, il avait 31 ans lors de son martyre. Espérant que cela ferait cesser la persécution, le prêtre s'était livré un mois plus tôt, le 28 avril. Le jour de son exécution, à sa sortie de prison, le prêtre reçut la bastonnade sur les jambes.

Porté sur une sorte de civière, il dominait ceux qui l'entouraient et, en passant par la place du marché, il regarda paisiblement la foule des curieux, puis dit qu'il avait soif. Les soldats lui firent boire une tasse de vin.
Arrivé au lieu du supplice, on lui fixa une flèche dans chaque oreille, on lui présenta le résumé de son procès, avec la sentence. Après avoir lu le texte, qui était bien long, il dit au peuple assemblé: « Je vais mourir pour la religion du Seigneur du Ciel mais plus tard, vous vous souviendrez de moi ».
Selon l'usage, on le fit promener 3 fois autour de l'assemblée; puis il s'agenouilla à l'endroit voulu, joignit les mains et inclina sa tête qui tomba bientôt sous le glaive. C'était le dimanche de la Trinité, 31 mai 1801 vers 16 heures.
La tête du martyr resta suspendue à un poteau et son corps resta exposé au lieu de l'exécution durant 5 jours et 5 nuits. Puis les gardiens inhumèrent ou firent disparaître le cadavre. Les chrétiens n'ont jamais pu retrouver les reliques du premier missionnaire à avoir travaillé en Corée.

Le 21 septembre 1839, Mgr.Imbert et les PP. Maubant et Chastan étaient conduits au supplice. Mgr. Imbert se sachant pris au piège dans le refuge où il était caché s'était livré le Il août. Les deux missionnaires s'étaient livrés au début de septembre et furent aussitôt conduits à Séoul. Ils subirent divers interrogatoires et divers supplices dont les détails ne sont pas connus.
Condamnés à mort et devant subir le supplice "solennel", l'évêque et les deux prêtres sont montés sur des sortes de civière, les jambes liées à la civière et les mains fiées derrière le dos, au milieu d'un cortège de plus de 100 soldats. A l'endroit fixé on avait planté un pieu au sommet duquel flottait un étendard portant la sentence des condamnés. A peine ai-rivés, ils sont dépouillés de leurs vêtements. Puis les bourreaux leur attachent les mains devant la poitrine, leur passent de longs bâtons sous les bras, leur enfoncent des flèches de haut en bas dans les oreilles, leur jettent de l'eau sur le visage et le saupoudrent de chaux. Ensuite 6 hommes saisissent les bâtons et font faire à chacun des suppliciés 3 fois le tour de la place, pour les livrer à la dérision des spectateurs. Enfin on les fait mettre à genoux et une douzaine de bourreaux, sabre à la main, se livrent à une danse macabre en les frappant de leur sabre. Les têtes étant tombées les unes après les autres, un soldat les posa sur une planche et les présenta au mandarin, qui partit tout de suite pour fournir son rapport à la cour. Les cadavres resteront exposés 3 jours, puis furent ensevelis dans le sable aux abords mêmes du heu d'exécution. Une vingtaine de jours après l'exécution, les chrétiens réussirent à tromper les gardes, et ayant déterré les cadavres, les inhumèrent ailleurs dans une montagne. En 1901, ils furent déposés à la cathédrale de Séoul.


Le premier prêtre coréen, André Kim, après avoir étudié à Macao et après avoir été ordonné prêtre aux environs de Shanghai le 17 août 1845 par Mgr. Ferréol, était entré en Corée en octobre 1845 avec son évêque Mgr. Ferréol et le futur Mgr. Daveluy. Envoyé par son évêque rencontrer des marins chinois aux abords du nord-ouest du pays, il est capturé au début de juin 1846, transféré au gouvernement provincial d'abord, puis à Séoul. Traité en ennemi de l'Etat, le Père Kim est exécuté le 16 septembre 1846 au même endroit et selon le même rituel que Mgr. Imbert et ses compagnons. La tête du P. Kim ne tomba qu'au 8e coup.
Le cadavre, après avoir été exposé pendant 3 jours, fut enseveli dans le sable à l'endroit même de l'exécution et gardé par des sentinelles. Au bout de 40 jours, un chrétien réussit à déterrer le cadavre pour le porter ailleurs et lui donner une sépulture convenable.
4. Arrêté le 23 février 1866, Mgr. Berneux est en Corée depuis 10 ans. Il subit divers interrogatoires et tortures. Au bout de 4 jours, il est transféré à une autre prison où il retrouve 3 confrères, de Bretenières, Beaulieu et Dorie qui sont arrivés en Corée 9 mois plus tôt et qui viennent de subir des interrogatoires et des tortures similaires à la suite de leur arrestation qui ne date que de 2 ou 3 jours.
Le 8 mars, les 4 condamnés sont conduits près d'ici, au bord du fleuve, selon le cérémonial habituel. La cérémonie de la décapitation se fait également selon un rite similaire à celui qui fut utilisé pour Mgr. Imbert et ses deux compagnons 27 ans plus tôt ou pour le P. Kim 10 ans plus tôt. Les cadavres furent inhumés dans une fosse commune après les 3 jours d'exposition au public. Et ce n'est que 6 mois plus tard que les chrétiens purent les inhumer convenablement ailleurs.

Le jour où Mgr.Berneux et ses 3 compagnons étaient exécutés, les PP. Pourthié et Petitnicolas étaient amenés à Séoul après avoir été arrêtés 5 jours plus tôt. Ils subissent les mêmes interrogatoires et les mêmes sévices. Le P. Pourthié était épuisé par la maladie et plutôt inconscient. Le P. Petitnicolas répondait aux questions et, apparemment, de façon assez impolie et assez peu pastorale.
Les 2 confrères seront exécutés le 11 mars 1866, selon le rite habituel. La tête du P. Pourthié tomba au ler coup de sabre, celle du P. Petitnicolas au 3ème coup. Le P. Pourthié était en Corée depuis 10 ans et avait passé ces 10 ans à travailler dans ce qui était appelé le « séminaire ». Le P. Petitnicolas avait été quelques années missionnaire en Inde, puis avait été envoyé en Corée et y avait passé également 10 ans.
En même temps que ces deux prêtres, deux laïcs coréens, Cheong Eui-Bai, Marc, et Ou Sei-yong, Alexis, ont été également martyrisés au même endroit ce 11 mars 1866 et ont été canonisés, alors que les PP. Pourthié et Petitnicolas ont raté leur examen de passage à Rome.

Le 9 septembre 1866, quelques laïcs coréens sont décapités à Sai-Nam-Theo mais ne sont pas canonisés.
Au cours de la même persécution de 1866, 3 confrères MEP à savoir : Mgr. Daveluy et les PP. Huin et Aumaitre ainsi que deux notables coréens ont été exécutés selon un rite similaire à Poryong, sur le bord de la mer de l'ouest, dans l'actuel diocèse de Taejon, et ont tous été canonisés.